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21 mars 2021 - J'en ai fait tout un plat

Dès avant mon travail photographique (POV / non POV)
mené sur cette plage du Languedoc le 16 février 2021 
et partagé ici, et alors que la Covid 19 faisait rage,
et encore depuis,
j'ai mainte fois renouvelé la recherche des « Terres inconnues »,
toujours fructueuse.

Aujourd'hui, j'en ai même fait tout un plat
où se trouvent réunies les tessons / tesselles collectés
(l'écriture dite « inclusive » atteint ici pour moi, dans la langue française, sa raison)
dès après la collecte méticuleuse de leur image in situ 
(« Click & collect »);
plat que j'ai plaisir à partager.



« Les Terres inconnues »,
nature morte / Still Life
(Tessons / tesselles sans nombre
prélevés sur une grève du Languedoc
lors d'une action « Click & collect »
du Street-Artist RV MOLLA,
assiette du commerce)
© Hervé MOLLA - Mars 2021



J'ai d'autant plus plaisir à partager 
l'image des fruits réunis de ma collecte
que l'article référencé plus haut et qui relate cette dernière m'a valu pas mal de réflexions intéressantes (je ne parle pas de  « commentaires » puisque, alors que j'ai rendu inopérante la rubrique des « Commentaires » du blogue, précisément, pour une raison que j'ai déjà eu l'occasion de détailler, il faut une véritable motivation pour rédiger un courriel)
qui me réconcilieraient - presque ! - avec le livre d'or des espaces d'exposition des collectivités territoriales.
J'ai dit « presque » : 
Le silence est bien souvent d'un meilleur aloi.

Cependant, c'est bien observé quand tel ou telle note « la puissance et, en même temps, la douceur du reflux » qui enserre le tesson / la tesselle pris in situ en vue rapprochée ; bien observé encore de la part de tel ou telle qui évoque, à la vue de cette théorie de tessons / tesselles, « l'identité » de chacun et son « altérité »...
C'est de beaucoup d'esprit que de relever que les tessons / tesselles sont tous « extraordinairement polis » alors qu'aussi vieux soient-ils ils sont nos contemporains !
Ce n'est pas mal vu non plus, en tout cas d'une touchante naïveté juvénile, d'envisager que je puisse être, non pas un artiste, mais un « influenceur » qui interviendrait en faveur de Paraboot®, nommément cité, puisque je montre en effet beaucoup mes chaussures.
Mais ce pourrait être aussi en faveur
- des chaussettes Archiduchesse®
- des vêtements de travail Le Laboureur®

Ça devient beaucoup plus sérieux quand tel ou telle pose, et bien plus abruptement que moi plastiquement, cette question déjà entendue en sourdine : « En cette période de pandémie, l'attitude de chasseur-cueilleur que vous revendiquez pointe-t-elle l'obsolescence programmée du Néolithique ? »

Mais on ne serait pas en France, et non pas tant celle des Lumières que celle des Gilets jaunes, ou au moins dans un espace francophone, si sur la plage où Street-Artist RV MOLLA click & collect ses Terres inconnues, et comme sur les trottoirs et les pelouses des contre-allées,
on ne finissait par rencontrer une crotte de chien / chienne (Pourquoi les chiens mâles seraient-ils seuls à être toujours « stigmatisés » ?).
Parmi les courriels suscités par la « story » de ma collecte de tessons / tesselles, unanimement polis comme on l'a vu, et de leurs images non moins polies, et qui ne sollicitait rien (mais absolument rien ! la récompense d'une chose bien faite étant de l'avoir faite), il fallait bien qu'un quidam (je n'ose écrire « une quidame » alors que la question du genre est tout à fait secondaire dans ce petit commerce qu'on souhaite le plus éloigné de soi possible) osât poser sa crotte, en dépit des obligations.


Panneau municipal
rencontré par Street-Artist RV MOLLA
lors d'une action « Click & collect »
de Terres inconnues
(La syntaxe fautive
méritant d'être stigmatisée)
© Hervé MOLLA - Mars 2021



Ainsi donc, la dame ou le monsieur (je ne sais plus, n'envisageant nullement d'en faire l'élevage, tant l'espèce semble invasive) m'informe dans son courriel avoir un fils ou une fille de 7 ans « capable d'en faire autant ».
Surtout, il ou elle ne comprend pas que ce qui est montré, c'est des tessons / tesselles de terre cuite, roulés par la mer et déposés par elle sur la grève. Il ou elle pense que ce sont des « coquillages », sans doute parce que normalement, sur une plage, « on trouve des coquillages ».
Il ou elle est en somme incapable de lire une image qu'il / elle juge pourtant enfantine (d'un enfant « de 7 ans »).
Comment le panneau municipal ci-dessus, à la syntaxe fautive, serait-il lu ?
Et par ailleurs comment les schémas décrivant les mesures-barrières propres à se prémunir de la Covid 19 sont-ils lus ?

Dans le courriel du quidam s'ensuivent des éructations formulées EN CAPITALES, ponctuées de théories de points d'exclamation et d'interrogation, sans nombre véritable, censées traduire le degré d'indignation, et de désarroi tout à la fois, mais véritables, que mon « Invention des Terres inconnues » a suscité dans l'arrière-boutique (je parle du cerveau reptilien du monsieur ou de la dame).
Mon blogue (et bien qu'il soit très visité depuis nombre de pays où la culture française n'est nullement un vestige), il faut quand même aller le chercher !
Et si l'on tombe dessus par hasard, on peut toujours l'ignorer.
On comprend bien que le monsieur ou la dame qui a un infant ou une infante « capable d'en faire autant » ne fait pas partie des Amis du Musée Condé, qu'il ou elle n'a jamais acheté une œuvre d'un artiste vivant ou mort ; on se doute même qu'elle ou il n'a jamais mis les pieds dans un musée, pas même celui de sa ville natale et qu'il n'a jamais quittée pourtant, tant il se sent « enraciné » (et elle, de même, « enracinée »), pas même le 3ème dimanche des mois en r quand c'est gratuit, comme le proclame à chaque numéro le bulletin communal et puisqu'il faut que l'art et la culture soient accessibles « au plus grand nombre ». 
Sauf une fois, « au collège ».
Cela dit, on n'est pas obligé non plus.
Moi, par exemple, je ne m'intéresse pas au patinage artistique. Mais il ne me viendrait pas à l'idée d'aller agresser verbalement tel patineur ou telle patineuse rencontrés fortuitement sur la toile.
Mais voilà une dame ou un monsieur qui vient émettre un avis que personne ne sollicite et dont personne ne tiendra compte, évidemment, dans un domaine qui lui est totalement étranger.
Alors, de quel mal-être, de quelles effroyables frustrations, tant d'ordre social que personnel, une haine aussi vaine dans sa manifestation peut-elle être le signe ? 
C'est bel et bien une réalité française d'aujourd'hui.
Mais pérenne semble-t-il : La même mésaventure (si je puis dire) était arrivée à Henri Matisse dont je partage (à défaut du génie) les initiales et quelques mois de l'année 1954 qui nous ont fait nous croiser sur cette terre. 
Une dame ou un monsieur (je ne sais plus) lui disait que sa fille ou son fils (je ne sais plus non plus) « de 3 ans (de ça je suis sûr, les enfants d'alors étant probablement plus avancés que ceux d'aujourd'hui) était capable d'en faire autant ». A quoi Matisse avait mis cet élégant bémol que lui, Matisse, au moins savait ce qu'il faisait.
Je le sais moi aussi.