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29 février 2016 [1] - Il y a trois jours, j'ai été idiot

Mais d'une idiotie !
J'ai envoyé un dossier de candidature à 
« Parcours de l'Art 2016 », 
une manifestation qui se tient en Avignon à l'automne, 
depuis une vingtaine d'années, je crois, et dans différents lieux de la ville ; un peu, semble-t-il, comme la Biennale de Nîmes à laquelle j'ai toujours eu tant de plaisir à participer.

Depuis quelques mois en effet, j'ai le plus vif désir d'exposer de nouveau et en particulier de présenter publiquement un travail mené régulièrement tout au long de ces dernières années et qui commence sérieusement à s'étoffer.
Jusqu'ici inédit, il met en jeu la Figure humaine dans un nouvel avatar. Celle-ci est constituée cette fois d'onglets de peinture, ancienne, moderne ou contemporaine (huile ou gouache ou acrylique sur toile ou sur carton, aquarelle, etc., sur supports minces), tandis que des onglets d'or sur kraft viennent constituer le champ dans laquelle elle s'inscrit.
C'est donc par un acte à la fois radicalement iconoclaste et totalement iconophile (et donc hautement civilisé). 
Le résultat, qui n'oublie pas le processus qui l'a engendré, est très beau, terriblement émouvant (l'adjectif « émouvant » ne peut se prononcer que précédé d'un adverbe en « ment ») et très amusant à produire comme à voir.
Un cartel, reproduisant le tableau originel vient à chaque fois compléter l'accrochage « en rang d'oignons » des collages (sous verre et sous encadrement), à la manière d'une galerie de portraits.
L'ensemble s'intitulerait « On dirait de la peinture » (car,au premier coup d'œil jeté d'un peu près, il y a comme un doute).

Là où j'ai été idiot, c'est que (aveuglé sans doute par l'évidence de ma proposition) je me suis laissé prendre par le temps. Moi, toujours si précis ! Et quand je ne le suis pas, c'est que l'imprécision est délibérée.
Bref, il en a résulté le pire dossier que j'aie jamais présenté ; à cause essentiellement de l'or sur kraft. C'est très difficile à photographier et, y réussit-on, le résultat peut encore être gâché à l'impression. Surtout, mon imprimante avait décidé de s'en mêler, à moins que ce ne fût le diable himself.
A propos de ce dernier, j'aime assez dire : « Il arrive que le diable porte pierre » ; et, assez souvent, l'expression n'est pas du tout comprise. 
Et si je dis : « Là, c'était comme un caillou qu'il avait mis dans ma chaussure », comprendra-t-on ?
On verra au moins de quoi il s'agit :




Collage d'onglets d'huile sur toile et d'or sur kraft,
sous encadrement simulé 81 x 81 cm
(Image figurant au dossier de candidature de Hervé Molla 

au « Parcours de l'Art », Avignon 2016)
© Hervé Molla
(et bien qu'une image de cette qualité,
il y a peu de risque qu'elle soit un jour volée...)



Détail du collage d'onglets précédent
© Hervé Molla




Simulation
du cartel d'accompagnement
format A7
© Hervé Molla




Le tableau originel,
titré & signé en bas à droite : 

La Lionne blessée, Christiane Allain, sans date
© Hervé Molla



À vrai dire, il ne s'agit pas d'une huile sur toile,
mais d'une gouache sur toile ;
quant à la datation de ce joli tableau orientaliste,
hélas très endommagé,
elle pourrait bien se situer antérieurement aux années 1950.
Le cartel précédent méritera donc d'être rectifié.
On a vu cela dans les plus grands musées.

29 février 2016 [2] - J'ai eu une réaction particulièrement appropriée

Lorsqu'on écrit : « J'ai été idiot », c'est bien qu'une prise de conscience a eu lieu.
Je n'aurais jamais dû... mais quoi au juste ? 
Je n'aurais pas dû utiliser des onglets d'or sur kraft au prétexte que ce matériau se photographie très mal et que, même photographié dans de bonnes conditions, le rendu est souvent très décevant ?
Ou bien, renoncer à présenter ce travail, 
« On dirait de la peinture », 
fait de peintures mises en pièces et associées à de l'or sur kraft dans de sacrées figures (travail auquel je tiens et que je crois pertinent), puisque sa représentation ne peut se trouver tout à fait conforme à l'image attendue ? 
Ce serait très inquiétant. A moins d'un biais.
Idiot que j'étais ! Le biais, je l'avais sous la main !
Et peut-être est-ce ce biais qui, de façon intuitive, m'avait fait émettre ma proposition pour Avignon qui, et par ricochet, vient à présent enrichir mon travail et quoi qu'il arrive.
« Il arrive que le diable porte pierre.»

Le « Parcours de l'Art », pour lequel la proposition a été faite, se déroule en Avignon, la « cité des papes » par excellence (Rome n'étant jamais, et pour auguste qu'elle soit, qu'un sublime remploi) et, parmi les nombreux lieux d'exposition qui y sont offerts à l'occasion de la manifestation, il se trouve que certains sont d'anciennes livrées cardinalices.
Car il ne saurait y avoir de pape sans cardinaux.
D'autre part, un cardinal, c'est rouge. L'oiseau comme le prélat.
Tout le monde sait cela. 
Ainsi « rouge cardinal » prétend définir une couleur.
Saint Jérôme, et tout saint qu'il est, est habituellement représenté en cardinal.
Dès lors, il va de soi que ma Figure humaine, constituée de fragments de peinture sublimée par l'or sur kraft, pourrait quelquefois, parallèlement et tout aussi avantageusement, se contenter de la pourpre cardinalice.
Surtout, le rouge est beaucoup plus médiatique.
Il se photographie très bien.
Comment n'y avais-je pas pensé plus tôt ?
Surtout dans le contexte.
Surtout que dans mon dossier de candidature à « Parcours de l'Art » je fais, à un moment, explicitement référence à l'immense et si intéressant portrait du cardinal de Richelieu par Henri Cueco (d'après l'œuvre de Philippe de Champaigne, elle conservée au Louvre) que j'ai revu il y a peu au musée des beaux-arts de Clermont-Ferrand .




Henri Cueco
Portrait du cardinal de Richelieu,
mine de plomb et acrylique, 1996
Musée Roger-Quillot, Montferrand
Photo © Hervé Molla


Surtout que j'ai dans mes tiroirs de commode le rouge adéquat : des chaussettes de cardinal Gammarelli ® !

J'ai donc illico opéré des essais avec des tableaux récemment acquis et en attente de leur « mise aux onglets ».
En effet, il n'est pas certain que le rouge, à la différence de l'or sur kraft ou, plus traditionnellement, du beige (« What's good about beige, is that it goes with everything », comme j'ai coutume de dire après l'avoir expérimenté), aille avec tout.

Le premier tableau est un portrait d'ecclésiastique, fort endommagé, dans le goût de Philippe de Champaigne précisément, m'a-t-on assuré.
Les deux suivants ne vont pas mal non plus.




Portrait d'ecclésiastique,
huile sur toile,
école française du XVIIe siècle,
« dans le goût de Philippe de Champaigne »,
mis en présence de mi-bas rouges Gammarelli ®,
préalablement à leur mise aux onglets
Photo © Hervé Molla
Coll. Hervé Molla




Paysage d'étang ou de rivière,
huile sur carton, signée Jean [Illisible],
années 1940 ?,

mis en présence de mi-bas rouges Gammarelli ®
préalablement à leur mise aux onglets
Photo © Hervé Molla
Coll. Hervé Molla




Roses & pivoines,
acrylique sur toile, signée C. Noury,
dernières années du XXe ou début du XXIe siècle,

mis en présence de mi-bas rouges Gammarelli ®
préalablement à leur mise aux onglets
Photo © Hervé Molla
Coll. Hervé Molla


Je me dis qu'après avoir fait des saints qui craignent tant la lumière, je vais faire, si jamais, contre toute attente, ma proposition est acceptée pour Avignon, des cardinaux à la pelle.
Sinon tant pis! Ce sera à... Peñíscola.

En tout cas, d'ici courant avril, 
les premiers essais seront visibles ici même.

Mother & Child - Feb. 11th 2016 [2]

Il m'est arrivé de rencontrer un amateur.
J'en ai été touché puisque j'en suis un moi-même.
C'est rare ; de nos jours, il n'y a plus, et partout, que des
« professionnels » et des « professionnelles », 
ou bien alors des « pros ».
Dans le même temps, il m'est arrivé de rencontrer une boiserie.



La boiserie de l'amateur que j'ai rencontré.
© Hervé Molla 2016


Je ne suis pas de bois.
Aussi ai-je eu l'idée de faire réaliser, après avoir travaillé 
ma gravure si étrange, un tirage de celle-ci à taille « réelle » et reprenant les bleus & les gris de la boiserie.
Cela aurait donné ceci :



Tirage envisagé, sur bâche, et comme une tapisserie,
à taille « réelle », soit h x l = 225 x 188 cm (à la vue)
© 2016 Hervé Molla, 

d'après Robert Strange, 
d'après Antoine Van Dyck


L'amateur a refusé, préférant une œuvre de chevalet.



Mother & Child
by Hervé Molla, after Sir Robert Strange,
after Sir Anthony van Dyck
Unique digital print, Alu-Dibond 60 x 70 cm
Coll. part.
© 2016 Hervé Molla

J'ai hâte maintenant de rencontrer une boiserie orange, mettons ;
ce qui n'a rien à voir avec le fait que la princesse Marie (1631-1660) épousera Guillaume II d'Orange-Nassau (1626-1650).
Alors, aussi bien, une boiserie, disons violette, ou verte ?

A suivre...


A Very Long Work in Progress - Feb 11th 2016 [1]

Il m'est arrivé d'acquérir une gravure en salle de ventes.





« Henrietta Maria Magnæ Britanniæ Regina
Comitantibus Carolo Principe Walliæ,
et Jacobo Eboraci Duce »
Pointe sèche par Robert Strange 

d'après Van Dyck, Paris, A.D. 1784,
570 x 455 mm (à la vue)
Coll. de l'artiste 

© 2016 Hervé Molla



Il s'agit donc d'une gravure par Sir Robert Strange (1721-1792), écossais jacobite, éditée à Paris et peut-être imprimée par M. Robbe (que l'on dit actif de 1784 à 1790).
Le British Museum en conserve un exemplaire, acquis à la mort du collectionneur Clayton Mordaunt Cracherode (1730-1799), et le Victoria & Albert Museum un autre, offert par Edgar Seligman, collectionneur britannique lui aussi.
Comme cette gravure semble absente des collections publiques françaises (tant au Louvre qu'à la BnF), j'envisage de léguer à l'une d'entre elles, l'exemplaire que je possède et sur lequel je travaille.
Mais pas tout de suite.
Car j'ai encore beaucoup à faire.

La légende latine de la gravure prétend que celle-ci figure Henriette Marie de France (née au Louvre, 25 nov. 1609, morte au monastère des Visitandines de Chaillot, 10 sept. 1669), fille de Henri IV, sœur de Louis XIII et mariée en 1625 à Charles 1er d'Angleterre dont on connait la fin et dont elle eut neuf enfants ; dont deux ici.
La légende prétend encore qu'il s'agit de Charles II (1630-1685, s.p.) et de Jacques II (1633-1701) — le premier alors qu'il est prince de Galles ; et le second, duc de Glocester.
C'est à la fois une demi-vérité et un mensonge complet.
La légende prétend encore que la gravure est d'après Van Dyck (1599-1614) ; ce qui n'est pas contestable en effet.




Charles 1er d'Angleterre, 
le prince de Galles
& la reine Henriette Marie 

tenant dans bras la princesse Marie.
Monumentale huile sur toile de 1632 par Van Dyck,
actuellement dans les collections de S.M. Elizabeth II


Et même d'après Van Dyck au moins deux fois.
Voyez le chien de gauche sur le tableau ci-dessous.
C'est un épagneul, je crois bien.




Le prince de Galles, le prince Jacques
& la princesse Marie.
Huile sur toile circa 1635 par Van Dyck.
(Lieu de conservation de moi inconnu)


Envie de revoir ma gravure ?



La vraie légende (ou, plutôt, la légende vraie) :
« La reine Henriette Marie de Grande-Bretagne
tenant dans ses bras la princesse Marie,
le prince de Galles,
avec une levrette réclamant les caresses
et une autre faisant face à un épagneul 

et comme deux chiens de faïence »
Pointe sèche de Sir Robert Strange 

d'après Antoine Van Dyck.
Coll. Hervé Molla, 

© Hervé Molla 2016


Il vaut mieux préférer les femmes et les filles.
Comment un tableau de 1632 pourrait-il montrer un Jacques II enfant, né en 1633, et même par Van Dyck ?
So strange !
Et comment Sir Robert Strange, ultime jacobite, anobli par le roi Hanovre, pouvait-il l'ignorer cent cinquante ans plus tard ?
Cette anecdote aurait beaucoup amusé mon amie Gaëtane, feu Mme la duchesse d'Albe dont c'est la famille.

A suivre...

10 février 2016 - C'est décidé, je renoue avec la tradition !

Après plusieurs années consacrées à l'écriture,
et sous un pseudonyme pour vivre avec mon temps,
et en particulier sur les « réseaux sociaux »,
j'ai décidé de renouer avec la tradition de ce blog artistique.