Je n'aurais jamais dû... mais quoi au juste ?
Je n'aurais pas dû utiliser des onglets d'or sur kraft au prétexte que ce matériau se photographie très mal et que, même photographié dans de bonnes conditions, le rendu est souvent très décevant ?
Ou bien, renoncer à présenter ce travail,
« On dirait de la peinture »,
fait de peintures mises en pièces et associées à de l'or sur kraft dans de sacrées figures (travail auquel je tiens et que je crois pertinent), puisque sa représentation ne peut se trouver tout à fait conforme à l'image attendue ?
Ce serait très inquiétant. A moins d'un biais.
Idiot que j'étais ! Le biais, je l'avais sous la main !
Et peut-être est-ce ce biais qui, de façon intuitive, m'avait fait émettre ma proposition pour Avignon qui, et par ricochet, vient à présent enrichir mon travail et quoi qu'il arrive.
« Il arrive que le diable porte pierre.»
Le « Parcours de l'Art », pour lequel la proposition a été faite, se déroule en Avignon, la « cité des papes » par excellence (Rome n'étant jamais, et pour auguste qu'elle soit, qu'un sublime remploi) et, parmi les nombreux lieux d'exposition qui y sont offerts à l'occasion de la manifestation, il se trouve que certains sont d'anciennes livrées cardinalices.
Car il ne saurait y avoir de pape sans cardinaux.
D'autre part, un cardinal, c'est rouge. L'oiseau comme le prélat.
Tout le monde sait cela.
Ainsi « rouge cardinal » prétend définir une couleur.
Saint Jérôme, et tout saint qu'il est, est habituellement représenté en cardinal.
Dès lors, il va de soi que ma Figure humaine, constituée de fragments de peinture sublimée par l'or sur kraft, pourrait quelquefois, parallèlement et tout aussi avantageusement, se contenter de la pourpre cardinalice.
Surtout, le rouge est beaucoup plus médiatique.
Il se photographie très bien.
Comment n'y avais-je pas pensé plus tôt ?
Surtout dans le contexte.
Surtout que dans mon dossier de candidature à « Parcours de l'Art » je fais, à un moment, explicitement référence à l'immense et si intéressant portrait du cardinal de Richelieu par Henri Cueco (d'après l'œuvre de Philippe de Champaigne, elle conservée au Louvre) que j'ai revu il y a peu au musée des beaux-arts de Clermont-Ferrand .
Henri Cueco Portrait du cardinal de Richelieu, mine de plomb et acrylique, 1996 Musée Roger-Quillot, Montferrand Photo © Hervé Molla |
Surtout que j'ai dans mes tiroirs de commode le rouge adéquat : des chaussettes de cardinal Gammarelli ® !
J'ai donc illico opéré des essais avec des tableaux récemment acquis et en attente de leur « mise aux onglets ».
En effet, il n'est pas certain que le rouge, à la différence de l'or sur kraft ou, plus traditionnellement, du beige (« What's good about beige, is that it goes with everything », comme j'ai coutume de dire après l'avoir expérimenté), aille avec tout.
Le premier tableau est un portrait d'ecclésiastique, fort endommagé, dans le goût de Philippe de Champaigne précisément, m'a-t-on assuré.
Les deux suivants ne vont pas mal non plus.
Je me dis qu'après avoir fait des saints qui craignent tant la lumière, je vais faire, si jamais, contre toute attente, ma proposition est acceptée pour Avignon, des cardinaux à la pelle.
Sinon tant pis! Ce sera à... Peñíscola.
En tout cas, d'ici courant avril,
les premiers essais seront visibles ici même.