Pages

Crac, c'est le printemps ! Au CRAC du Tremblay # 1 - 20 mars 2018

« Molla », en italien, veut dire « ressort », je crois.
Quant à « ressort », il se dit « spring » en anglais ; « spring » qui, dans cette même langue, veut aussi dire « printemps ».
Probablement est-ce affaire de contexte.
Ingénieux hidalgo (moi qui ne suis pas manchot, ni de la Mancha, non plus), par le truchement de l'italien, de l'anglais et du français, je suis donc à jamais le printemps.
En guise d'introduction à un travail si sérieux, on voudra bien me pardonner cette plaisanterie que je crois très française (aussi pourrais-je paraphraser un vieil aveu ou une vieille revendication, aujourd'hui moins célèbres que son auteur : « I am a French Artist and I have no guilt »).
Sinon tant pis, c'est faux pli et repli pseudo-identitaires !
Je ne vais certainement pas m'excuser !
Et aujourd'hui, 20 mars 2018, et comme une fois l'an, et pour trois mois, il n'y a rien de plus contemporain que le printemps.
C'est donc tout naturellement que j'ai participé aux « Cimaises de printemps », une exposition de groupe (du 2 au 25 mars) au Centre régional d'art contemporain (CRAC) du Tremblay, à Fontenoy-en-Puisaye et par un temps de chien.
Pour la première édition de cette manifestation, le propos était de réunir des œuvres présentées par leurs créateurs et d'autres présentées par différents collectionneurs (et avant la dispersion souhaitée, aussi complète que possible, et des unes et des autres). 
D'ailleurs, quel artiste ne serait pas collectionneur ?
Et un collectionneur (d'œuvres d'art ou d'autre chose) n'est-il pas lui-même artiste ?
(Je reviendrai sur ces questions dans un prochain article consacré à la genèse de la « Galerie 104 - La Beytour », Felletin).
Toujours est-il qu'à l'occasion des « Cimaises de printemps », il m'a été offert de présenter des travaux récents (et l'un d'entre eux totalement inédit, même) se rapportant à la « collection », de trois manières différentes...


D'une part, je collectionne en effet des œuvres (sous-entendu des « œuvres d'art ») du passé comme celles de certains de mes contemporains.
Et il m'arrive fréquemment de pousser cette logique d'appropriation 
(« Appropriation Art » disent les anglophones) jusqu'à créer une œuvre nouvelle à partir de celle collectée (collectée dans ce dessein ?) ; celle-ci subsistant (et étant « mise en regard » de l'œuvre nouvelle)... ou (ayant été phagocytée, en quelque sorte, mais quelle horreur !) ne subsistant pas dans son intégrité !

Pour les « Cimaises de printemps » au CRAC du Tremblay, j'y suis allé mollo : un pastel, non pas d'un artiste contemporain, mais du XIXe siècle, dans son cadre d'origine, et qui non seulement n'a pas péri dans l'acte d'appropriation mais, au contraire, s'en est trouvé remarquablement restauré par Art Image.
Ainsi donc, nul procès en vue. Et tant pis pour le buzz...




Sampling bleu au modèle, installation :
1. Mira VIGNERON (Paris, 1817 - 1884),
« Portrait d'une dame de qualité, à la coiffe de dentelles
et aux rubans bleus »
[titre fictif],
pastel à vue ovale tendu sur toile,
signé « Mira Vigneron » et daté « 1856 »,
dans son cadre vitré d'origine, doré et à décor de perles,
69 x 60 cm (53 x 44 cm à la vue).
2. Hervé MOLLA,
« Sampling d'une couleur : bleu,
d'après le Portrait d'une dame de qualité, etc. »,

collage de 441 onglets sur Canson®,
titré, signé & daté « 2017 »,
sous passe-partout & cadre vitré, doré et à décor de perles,
67 x 67 cm (40 x 40 cm au sujet).
3. Chevalet en hêtre du commerce.
© Hervé MOLLA - 2018



« Sampling d'une couleur : bleu,
d'après le Portrait d'une dame de qualité, etc. »

Détail du collage d'onglets.
© Hervé MOLLA - 2018

J'aurai l'occasion de revenir sur cette œuvre dans un autre contexte et d'ajouter quelques mots concernant Mira Vigneron à qui l'on doit ce si intéressant portrait.
Pour l'instant, et pour terminer : j'avais suggéré (« suggestion de présentation », comme on lit parfois) d'accrocher le Portrait sur le mur de cimaise, tandis que le Sampling prendrait place sur le chevalet.
Le commissaire d'exposition a décidé de faire l'inverse ; ce qui introduit une interrogation inattendue, et bien intéressante.
Du moins me semble-t-il...