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30 janvier 2020 - Retour sur investissement #1.2

Dans un précédent article,
j'avais évoqué les circonstances initiales 
du « cadavre exquis de la Vierge à la grenade » 
d'après une carte de vœux des ducs d'Albe, & d'après Fra Angelico.

Un « investissement » esthétique pareil 
(de son côté, le musée du Prado parle, de 18 millions d'euros !)
ne pouvait pas rester sans prolongement ni retour.
Sans parler du « Museo del Prado » ni de la « Alba Collection »,
ni du « plus grand nombre », obligatoirement convoqué en pareil cas,
qui n'a rien à regretter lui non plus, me semble-t-il,
même s'il n'en a guère conscience
(et l'inconscient collectif se manifestant habituellement
dans d'autres champs), 
le premier retour qui m'est arrivé, 
à moi personnellement (mais je partage !),
n'a pas manqué de se produire, très rapidement,
avec un tableau d'Auguste Clergeau que je n'avais pas même imaginé.


Auguste CLERGEAU
« Nature morte aux grenades, poire & nèfles »,
huile sur panneau de contreplaqué, sbd, 35 x 26.5 cm
(détail)
© Hervé MOLLA - 2020

Auguste Clergeau (Nantes, 1898 - Guéret, 1967)
était cependant loin d'être un inconnu pour moi :
d'une part, il fut le professeur de dessin d'un de mes oncles ;
surtout, alors que j'étais tout enfant, 
il fut pour moi le seul peintre vivant 
(les autres peintres étant nécessairement morts).
Ce n'est pas rien !
La « Nature morte aux grenades », 
peinte sur contreplaqué dans les années d'après-guerre, je suppose,
était dans un cadre atroce, son cadre d'origine (je suppose encore,
et c'est la raison pour laquelle je l'y ai laissé), en bois blanc, surtout peint d'une laque maronnasse, que j'ai décapé et qui s'en porte bien mieux.

Dans un article s'attachant au catalogue 
de la rétrospective de l'œuvre peint d'Auguste Clergeau
(par ailleurs illustrateur, décorateur, etc.), 
en 2006 au musée d'Art et d'Archéologie de Guéret
Catherine Lochin, qui évoque « l'attachement du peintre 
à la tradition » note combien « la plupart des natures mortes [d'Auguste Clergeau] font appel exclusivement 
à des objets anciens ».
Il est évident que dans la « Nature morte aux grenades »
Auguste Clergeau fait référence à la tradition des natures mortes
(je crois même qu'il s'est beaucoup amusé avec ce tableau)
aussi bien dans le choix des objets (pichet couvert, dame-jeanne, grenades, poire, nèfles) pour ce qu'ils sont que pour ce qu'ils représentent ; que dans leur ordonnancement et les rapports picturaux que ce dernier implique. 
Manque cependant le couteau.
J'ai réparé ce manque et, à mon tour, 
me suis amusé en enrichissant le cadavre.


Hervé MOLLA, installation :
« Nature morte au pichet couvert,
à la bouteille de grès,
aux grenades, poire & nèfles »

par Auguste Clergeau (1898-1967),
huile sur contreplaqué, 37 x 26.5 cm,
dans son cadre d'origine retravaillé ;
pichet en grès de Puisaye (XIXe siècle),
bol à talon & son écuelle en fer émaillé bleu-blanc
(Canton, XIXe siècle),
paire de couteaux
(lame « D.B » en acier fondu, virole en argent,
manches violonés en ivoire ; XIXe siècle)
sur entablement.
© Hervé MOLLA - 2020


Hervé MOLLA, détail de l'installation :
pichet en grès de Puisaye (XIXe siècle),
bol à talon & son écuelle en fer émaillé bleu-blanc
(Canton, XIXe siècle),
paire de couteaux
(lame « D.B » en acier fondu, virole en argent,
manches violonés en ivoire ; XIXe siècle)
sur entablement.
© Hervé MOLLA - 2020

Hervé MOLLA, installation :
« Nature morte au pichet couvert,
à la bouteille de grès,
aux grenades, poire & nèfles »

par Auguste Clergeau (1898-1967),
huile sur contreplaqué, 37 x 26.5 cm,
dans son cadre d'origine retravaillé ;
pichet en grès de Puisaye (XIXe siècle),
bol à talon & son écuelle en fer émaillé bleu-blanc
(Canton, XIXe siècle),
autre paire de couteaux 
(lame anonyme en acier, montéesur manche en bois - châtaignier ? -
XIXe / XXe siècle)

sur entablement.
© Hervé MOLLA - 2020

Hervé MOLLA, installation :
« Nature morte au pichet couvert,
à la bouteille de grès,
aux grenades, poire & nèfles »

par Auguste Clergeau (1898-1967),
huile sur contreplaqué, 37 x 26.5 cm,
dans son cadre d'origine retravaillé ;
pichet en grès de Puisaye (XIXe siècle),
bol à talon & son écuelle en fer émaillé bleu-blanc
(Canton, XIXe siècle),
paire de véritables grenades d'Espagne
issues de l'agriculture biologique,

sur entablement.
© Hervé MOLLA - 2020

Hervé MOLLA, partie d'installation :
Carte de vœux des ducs d'Albe,
Noël 2011 et Nouvel An 2012, sous encadrement,
(détail de la Grenade et de l'Enfant)
d'après « La Virgen de la granada » de Fra Angelico,
huile sur tempera,
(ancienne collection des ducs d'Albe, palais Liria ;
depuis 2016 au musée du Prado)
© Hervé MOLLA - 2012

A suivre...