j'avais évoqué les circonstances initiales
du « cadavre exquis de la Vierge à la grenade »
d'après une carte de vœux des ducs d'Albe, & d'après Fra Angelico.
Un « investissement » esthétique pareil
(de son côté, le musée du Prado parle, de 18 millions d'euros !)
ne pouvait pas rester sans prolongement ni retour.
Sans parler du « Museo del Prado » ni de la « Alba Collection »,
ni du « plus grand nombre », obligatoirement convoqué en pareil cas,
qui n'a rien à regretter lui non plus, me semble-t-il,
même s'il n'en a guère conscience
(et l'inconscient collectif se manifestant habituellement
dans d'autres champs),
le premier retour qui m'est arrivé,
à moi personnellement (mais je partage !),
n'a pas manqué de se produire, très rapidement,
avec un tableau d'Auguste Clergeau que je n'avais pas même imaginé.
Auguste CLERGEAU « Nature morte aux grenades, poire & nèfles », huile sur panneau de contreplaqué, sbd, 35 x 26.5 cm (détail) © Hervé MOLLA - 2020 |
Auguste Clergeau (Nantes, 1898 - Guéret, 1967)
était cependant loin d'être un inconnu pour moi :
d'une part, il fut le professeur de dessin d'un de mes oncles ;
surtout, alors que j'étais tout enfant,
il fut pour moi le seul peintre vivant
(les autres peintres étant nécessairement morts).
Ce n'est pas rien !
La « Nature morte aux grenades »,
peinte sur contreplaqué dans les années d'après-guerre, je suppose,
était dans un cadre atroce, son cadre d'origine (je suppose encore,
et c'est la raison pour laquelle je l'y ai laissé), en bois blanc, surtout peint d'une laque maronnasse, que j'ai décapé et qui s'en porte bien mieux.
Dans un article s'attachant au catalogue
de la rétrospective de l'œuvre peint d'Auguste Clergeau
(par ailleurs illustrateur, décorateur, etc.),
en 2006 au musée d'Art et d'Archéologie de Guéret,
Catherine Lochin, qui évoque « l'attachement du peintre
à la tradition » note combien « la plupart des natures mortes [d'Auguste Clergeau] font appel exclusivement
à des objets anciens ».
Il est évident que dans la « Nature morte aux grenades »
Auguste Clergeau fait référence à la tradition des natures mortes
(je crois même qu'il s'est beaucoup amusé avec ce tableau)
aussi bien dans le choix des objets (pichet couvert, dame-jeanne, grenades, poire, nèfles) pour ce qu'ils sont que pour ce qu'ils représentent ; que dans leur ordonnancement et les rapports picturaux que ce dernier implique.
Manque cependant le couteau.
J'ai réparé ce manque et, à mon tour,
me suis amusé en enrichissant le cadavre.
A suivre...