a beaucoup intéressé, m'a-t-on dit, par les liens jusqu'alors inédits qu'il pose et à des titres divers.
J'en suis très heureux.
Aussi cela m'a-t-il incité à produire un « bonus », disons,
et en forme d' « action » artistique
(pour reprendre l'expression de mon amie Pascale CIAPP
qui la préfère, avec justesse, à celle de « performance »)
qui enrichit encore le thème de « L'Art du partage » :
« J'ai reçu du courrier »
(qui ne m'était pas initialement destiné ; mais qui sait ?).
Le support de la lettre
consiste en une feuille de papier de 267 x 418 mm,
initialement pliée de manière à former 4 pages
de 267 x 209 mm chacune
et qui, repliée encore et encore, fait office d'enveloppe
à elle-même, scellée par un cachet de cire rouge
(dont subsistent des traces).
Elle porte les marques suivantes :
- au recto, et à deux reprises, le cachet (en noir)
de l'expéditeur, « C. G. OPPERMANN »,
- au recto toujours, le timbre à date de départ (Paris) de type a,
petit modèle, circulaire, de Ø 17 mm , bleu, « 8 JUIL 1830 »
Selon le informations données sur le site marcophilie.org, remarquablement encyclopédique,
« les lettres du mois de juillet
[et à la différence des autres mois] sont
[à cette époque, et pour une raison qui reste à élucider]
penchées ».
Tel est le cas, bel et bien, sur notre exemplaire.
- au recto encore, la « marque du décime rural »,
« ID. » dans un ovale rouge
(dont la taxe servait à financer la distribution rurale)
- au verso, le timbre à date d'arrivée, de type a, grand modèle,
Ø 23 mm, noir, « 13 JUIL 1830 ».
Les lettres du mois de juillet sont, ici encore, penchées.
On apprend au passage qu'il existe donc des « marcophiles ».
Et pourquoi donc les marques postales ne pourraient-elles pas être,
selon la définition que donne Catherine MILLET
de l'art contemporain, elles aussi,
« un centre d'intérêt ; ni plus, ni moins » ?
Si l'on connaît tous au moins un artiste
pour s'être trouvé le M. Jourdain de la marcophilie,
on n'a pas encore connu de « marcophobe ».
Mais le risque est grand,
à trop « partager » avec « le plus grand nombre »,
et par les temps qui courent...
Pour l'intelligibilité immédiate du sujet,
peut-être aurait-il fallu préciser d'emblée
(et alors que nous avons tous un accès illimité à Internet)
que Messieurs Hercule (Clermont de Lodève, 1797 - 1858) & Casimir MAISTRE (Clermont de Lodève, 1799 - 1868), frères en effet, étaient les fils de Joseph MAISTRE auquel ils avaient succédé ;
Joseph MAISTRE, l'industriel, propriétaire de Villeneuvette, qui relança, et pour un siècle et demi, la vieille manufacture royale de Colbert, et qui n'a rien à voir avec Joseph de MAISTRE)...
L'expéditeur de la lettre,
(accompagnant à vrai dire un relevé de compte bancaire,
comme on verra ci-dessous)
a été identifié comme étant Chrétien Guillaume OPPERMANN (Bouxwiller, 1777 - Saint-Germain-en-Laye, 1846),
banquier à Paris, 2 rue Saint-Georges.
Lettre du 7 [et du 8] juillet 1830 de C.G. OPPERMANN, banquier à Paris à H. & C. MAISTRE, frères, industriels à Villeneuvette (Hérault) p. 1 Coll. de l'Artiste © Hervé MOLLA - 2018 |
Lettre du 7 [et du 8] juillet 1830 de C.G. OPPERMANN, banquier à Paris à H. & C. MAISTRE, frères, industriels à Villeneuvette (Hérault) p. 2 Coll. de l'Artiste © Hervé MOLLA - 2018 |
Lettre du 7 [et du 8] juillet 1830 de C.G. OPPERMANN, banquier à Paris à H. & C. MAISTRE, frères, industriels à Villeneuvette (Hérault) p. 3 Coll. de l'Artiste © Hervé MOLLA - 2018 |
Lettre du 7 [et du 8] juillet 1830 de C.G. OPPERMANN, banquier à Paris à H. & C. MAISTRE, frères, industriels à Villeneuvette (Hérault) p. 4 Coll. de l'Artiste © Hervé MOLLA - 2018 |
On relèvera qu'il est question dans la lettre
d'un certain M. NOUGUIER
(qui a du mal à payer ses 10000 francs, semble-t-il et
malgré toute sa bonne volonté ; ce dont le banquier témoigne)
que l'on pense être Joseph Félix Marius NOUGUIER,
négociant en effet et père d'Emile NOUGUIER,
l'ingénieur qui conçut la Tour-Eiffel...
On s'amusera qu'un banquier prie ses clients d'agréer
ses « salutations bien affectueuses ».
A moins qu'on se trompe, car on ne sait pas lire les images.
On se souviendra que l'on est le 7 juillet 1830,
au lendemain d'une séance du Conseil des ministres
à la suite de laquelle Charles X arrête son projet des Ordonnances
qui aboutiront aux Trois Glorieuses.
(On croisera, c'est certain, ces dernières ici une autre fois.)
De fil en aiguille, on reviendra à l'image première ;
réunion avant une éventuelle et nouvelle séparation ?
Et alors que, ainsi que j'ai coutume de dire,
« ce qu'il y a de bien avec le beige, c'est qu'il va avec tout »...