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27 septembre 2018 - J'ai reçu du courrier

Mon article consacré aux 35èmes Journées européennes du patrimoine
a beaucoup intéressé, m'a-t-on dit, par les liens jusqu'alors inédits qu'il pose et à des titres divers.
J'en suis très heureux.
Aussi cela m'a-t-il incité à produire un « bonus », disons,
et en forme d' « action » artistique 
(pour reprendre l'expression de mon amie Pascale CIAPP
qui la préfère, avec justesse, à celle de « performance ») 
qui enrichit encore le thème de « L'Art du partage »  :
« J'ai reçu du courrier »
(qui ne m'était pas initialement destiné ; mais qui sait ?).



« J'ai reçu du courrier »,
fragment d'action artistique
:
Lettre (format plié de 78 x 123 mm)

expédiée par C. G. OPPERMANN du 8 juillet 1830
(le cachet de la Poste faisant foi)
à Messieurs H. & C. MAISTRE,
Villeneuvette, Clermont de Lodève (Hérault),
posée devant un fragment de chapiteau

(portail ou fontaine)
provenant de la manufacture de Villeneuvette,
le tout sur socle
Coll. de l'Artiste
© Hervé MOLLA - 2018

« J'ai reçu du courrier »,
fragment d'action artistique
 :
Lettre (format plié de 78 x 123 mm)
adressée par C. G. OPPERMANN,
et distribuée le 13 juillet 1830
(le cachet de la Poste faisant foi)
à Messieurs H. & C. MAISTRE,
Villeneuvette, Clermont de Lodève (Hérault),
posée devant un fragment de chapiteau
(portail ou fontaine)
provenant de la manufacture Villeneuvette,
le tout sur socle
Coll. de l'Artiste
© Hervé MOLLA - 2018


Le support de la lettre 
consiste en une feuille de papier de 267 x 418 mm, 
initialement pliée de manière à former 4 pages
de 267 x 209 mm chacune
et qui, repliée encore et encore, fait office d'enveloppe
à elle-même, scellée par un cachet de cire rouge 
(dont subsistent des traces).
Elle porte les marques suivantes :
- au recto, et à deux reprises, le cachet (en noir) 
de l'expéditeur, « C. G. OPPERMANN »,
- au recto toujours, le timbre à date de départ (Paris) de type a, 
petit modèle, circulaire, de Ø 17 mm , bleu, « 8 JUIL 1830 »
Selon le informations données sur le site marcophilie.org, remarquablement encyclopédique,
« les lettres du mois de juillet 
[et à la différence des autres mois] sont 
[à cette époque, et pour une raison qui reste à élucider] 
penchées ».
Tel est le cas, bel et bien, sur notre exemplaire.
- au recto encore, la « marque du décime rural », 
« ID. » dans un ovale rouge
(dont la taxe servait à financer la distribution rurale)
- au verso, le timbre à date d'arrivée, de type a, grand modèle, 
Ø 23 mm, noir, « 13 JUIL 1830 ».
Les lettres du mois de juillet sont, ici encore, penchées.

On apprend au passage qu'il existe donc des « marcophiles ».
Et pourquoi donc les marques postales ne pourraient-elles pas être,
selon la définition que donne Catherine MILLET 
de l'art contemporain, elles aussi,
« un centre d'intérêt ; ni plus, ni moins » ?
Si l'on connaît tous au moins un artiste 
pour s'être trouvé le M. Jourdain de la marcophilie, 
on n'a pas encore connu de « marcophobe ».
Mais le risque est grand, 
à trop « partager » avec « le plus grand nombre »,
et par les temps qui courent...

Pour l'intelligibilité immédiate du sujet,
peut-être aurait-il fallu préciser d'emblée
(et alors que nous avons tous un accès illimité à Internet)
que Messieurs Hercule (Clermont de Lodève, 1797 - 1858) & Casimir MAISTRE (Clermont de Lodève, 1799 - 1868), frères en effet, étaient les fils de Joseph MAISTRE auquel ils avaient succédé ; 
Joseph MAISTRE, l'industriel, propriétaire de Villeneuvette, qui relança, et pour un siècle et demi, la vieille manufacture royale de Colbert, et qui n'a rien à voir avec Joseph de MAISTRE)...
L'expéditeur de la lettre, 
(accompagnant à vrai dire un relevé de compte bancaire,
comme on verra ci-dessous)
a été identifié comme étant Chrétien Guillaume OPPERMANN (Bouxwiller, 1777 - Saint-Germain-en-Laye, 1846),
banquier à Paris, 2 rue Saint-Georges.



Lettre du 7 [et du 8] juillet 1830
de C.G. OPPERMANN, banquier à Paris
à H. & C. MAISTRE, frères,
industriels à Villeneuvette (Hérault)
p. 1
Coll. de l'Artiste
© Hervé MOLLA - 2018

Lettre du 7 [et du 8] juillet 1830
de C.G. OPPERMANN, banquier à Paris
à H. & C. MAISTRE, frères,
industriels à Villeneuvette (Hérault)
p. 2
Coll. de l'Artiste
© Hervé MOLLA - 2018

Lettre du 7 [et du 8] juillet 1830
de C.G. OPPERMANN, banquier à Paris
à H. & C. MAISTRE, frères,
industriels à Villeneuvette (Hérault)
p. 3
Coll. de l'Artiste
© Hervé MOLLA - 2018

Lettre du 7 [et du 8] juillet 1830
de C.G. OPPERMANN, banquier à Paris
à H. & C. MAISTRE, frères,
industriels à Villeneuvette (Hérault)
p. 4
Coll. de l'Artiste
© Hervé MOLLA - 2018


On relèvera qu'il est question dans la lettre 
d'un certain M. NOUGUIER 
(qui a du mal à payer ses 10000 francs, semble-t-il et
malgré toute sa bonne volonté ; ce dont le banquier témoigne)
que l'on pense être Joseph Félix Marius NOUGUIER, 
négociant en effet et père d'Emile NOUGUIER, 
l'ingénieur qui conçut la Tour-Eiffel...
On s'amusera qu'un banquier prie ses clients d'agréer
ses « salutations bien affectueuses ».
A moins qu'on se trompe, car on ne sait pas lire les images.
On se souviendra que l'on est le 7 juillet 1830,
au lendemain d'une séance du Conseil des ministres
à la suite de laquelle Charles X arrête son projet des Ordonnances
qui aboutiront aux Trois Glorieuses.
(On croisera, c'est certain, ces dernières ici une autre fois.)



De fil en aiguille, on reviendra à l'image première ;
réunion avant une éventuelle et nouvelle séparation ?
Et alors que, ainsi que j'ai coutume de dire,
« ce qu'il y a de bien avec le beige, c'est qu'il va avec tout »...


« J'ai reçu du courrier »,
fragment d'action artistique
 :
Lettre (format plié de 78 x 123 mm) des 7 & 8 juillet 1830
du banquier Chrétien Guillaume OPPERMANN, Paris,
à Messieurs Hercule & Casimir MAISTRE,
industriels à Villeneuvette, Clermont-de-Lodève (Hérault),
posée devant un fragment de chapiteau en grès
(portail ou fontaine) du dernier quart du XVIIe siècle et
provenant de la manufacture de Villeneuvette,
le tout sur socle
Coll. de l'Artiste
© Hervé MOLLA - 2018