Il y a tout juste deux ans,
à l'occasion du centenaire de l'armistice de 1918,
j'avais consacré un article de ce blogue à
Et je terminais mon article par cette interrogation :
« A quoi s'attendre désormais ? »
Eh bien j'ai reçu cet été,
et alors que je n'attendais rien, évidemment,
et sans être cependant indifférent à ce qui pouvait ou pourrait survenir, un courrier numérique d'un lecteur attentif et érudit.
De quoi se réjouir, donc ; surtout à une époque où, par ces canaux,
il faille plutôt s'attendre à recevoir injures et menaces.
Pour un rien, incompris, et bien sûr par n'importe qui !
C'est la raison pour laquelle je maintiens fermée
la fonction « commentaires » de ce blogue ;
ayant compris, et peut-être le tout premier, et sans me vanter,
il y a déjà plusieurs décennies, la nocivité sournoise
du « livre d'or » ouvert à l'entrée des expositions
de mes tout derniers travaux plastiques présentés alors,
souvent pour une occasion et dans un contexte donnés
— « livre d'or » par moi très vite banni en raison du fait que certains, et même nombreux, toute proportion gardée,
parmi un public plus subi que choisi (il faut bien le dire,
dans un temps où il était convenu que « l'art et la culture »
devaient être, selon la formule, magique comme un fétiche,
« ouverts au plus grand nombre ») y voyaient l'occasion
d'un exercice démocratique qu'ils ne craignaient pas de profaner :
« L'Art [sic] ne suit pas la loi des séries ! » ;
« Exposition pauvre et peu originale » ;
« Exposition au contraire très original [sic] »
(en réponse à un avis précédent et pour s'en démarquer) ;
« Ma fille de 5 ans aurait fait la même chose mais payant ».
A la différence du fils de Mme de Sévigné,
les enfants d'alors, mais moins que ceux d'aujourd'hui, avaient tous les talents, semblait-t-il, y compris celui de les faire valoir...
Un de mes amis, lui, et qui n'a pas les lettres de Mme de Sévigné,
et qui n'y va pas par quatre chemins, populiste en diable au demeurant, et comme Victor Hugo amoureux des paradoxes, s'exclame volontiers : « Démocratie de merde ! »
On comprend qu'il ne soit pas un élu local.
Quant à moi, je demeure persuadé que non, il ne faut pas jeter le bébé, ni la petite fille de cinq ans qui est peut-être aujourd'hui une « haute-fonctionnaire » en dépit de son « papa » ou de sa « maman » qui taguait les livres d'or, avec l'eau du bain.
Ces parenthèses refermées (et que m'ont fait ouvrir,
mais de manière collatérale, mon correspondant, M. R***),
revenons à Pinon et son chalet.
Ou ses chalets successifs ?
Rien n'est moins sûr !
Victor PETIT « Habitations champêtres, etc. », Monrocq frères Éd. Planche 7 : « Châlet [sic] du lac de Pinon (Aisne) » 260 x 354 mm © Coll. Hervé MOLLA - 2020 |
il semblerait que cette lithographie soit légendée
pour ce qu'elle n'est pas.
En effet, M. R*** situe cette planche 7 (qui, m'indique-t-il, ne figure pas au Dépôt légal (* note en pied d'article)) du recueil des « Habitations champêtres » entre le 17 décembre 1853 (dépôt légal de la planche 6) et le 27 mai 1854 (planche 10 et suivantes).
D'autre part, et de manière également objective,
le petit chalet de Pinon, construit en 1826 (nous dit Victor Petit dans son opuscule « Une matinée au château de Pinon ») existait bel et bien en 1850 ainsi que l'atteste mon dessin original, signé, daté & situé.
Victor Petit « Chalet du lac de Pinon », dessin à la mine de plomb et au lavis en deux couleurs, situé, signé et daté 1850 sous encadrement 45 x 35,5 cm © Coll. Hervé MOLLA - 2020 |
Victor Petit « Chalet du lac de Pinon », dessin à la mine de plomb et au lavis en deux couleurs, situé, signé et daté 1850, 23,5 x 15,5 cm à la vue © Coll. Hervé MOLLA - 2020 |
Victor Petit « Chalet du lac de Pinon », dessin à la mine de plomb et au lavis en deux couleurs, situé, signé et daté 1850 (détail) © Coll. Hervé MOLLA - 2020 |
Victor Petit « Chalet du lac de Pinon », dessin à la mine de plomb et au lavis en deux couleurs, situé, signé et daté 1850 (détail) © Coll. Hervé MOLLA - 2020 |
Victor Petit « Chalet du lac de Pinon », dessin à la mine de plomb et au lavis en deux couleurs, situé, signé et daté 1850 (détail) © Coll. Hervé MOLLA - 2020 |
Victor Petit « Chalet du lac de Pinon », dessin à la mine de plomb et au lavis en deux couleurs, situé, signé et daté 1850 (détail) © Coll. Hervé MOLLA - 2020 |
C'est tout à fait le petit chalet tel qu'il est représenté dans l'opuscule « Une matinée du château de Pinon » (p. 55), si ce n'est la porte qui en est tantôt ouverte et tantôt fermée et la végétation environnante (des glycines ?) qui a progressé ou au contraire a été contenue ; de telle sorte qu'on ne peut guère savoir quel état est antérieur à l'autre.
Victor Petit « Une matinée au château de Pinon » Ed. Fleury, Laon, 1856 (3e édition, 72 p.) © Coll. Hervé MOLLA - 2020 |
Victor Petit « Une matinée au château de Pinon » Ed. Fleury, Laon, 1856 (3e édition, 72 p.) Détail du chalet, gravé par Pégard (signé dans la planche) © Coll. Hervé MOLLA - 2020 |
Mon correspondant m'indique que les illustrations dans le texte, telle celle du « chalet du lac » reproduite ici, n'existaient pas dans l'édition originale de 1851 qui ne comportait au demeurant que 58 pages. Peut-être, ajoute-t-il encore, ces illustrations sont-elles apparues dans la deuxième édition, intervenue à une date inconnue ?
Deuxième édition qui se situe cependant entre 1851 et 1856.
Elles figurent en effet dans l'édition de 1856, la troisième.
Aussi, mon correspondant émet-il un sérieux doute quant à l'authenticité du chalet représenté à la planche 7 des « Habitations champêtres » et donné comme étant le « chalet du lac de Pinon ».
Pour lui en effet, il n'est pas vraisemblable que, si un nouveau chalet avait remplacé (fin 1853 / début 1854) celui de 1826 qui existait encore en 1850 (de cela on est sûr !), l'opuscule n'ait pas été corrigé en conséquence lors de sa troisième édition de 1856.
Mon correspondant plaide pour une légende erronée ; chose qui n'aurait rien d'exceptionnel, ajoute-t-il.
Le chalet de la planche 7 des « Habitations champêtres », ne serait tout simplement pas, reconstruit et agrandi comme je l'avais supposé, le « chalet du lac de Pinon » !
Quelle déception !
Comme pour m'en consoler,
mon correspondant m'indique qu'en revanche la planche 30 (« date inconnue, fin 1854 », précise-t-il) des « Habitations champêtres » montre bel et bien, quant à elle, une vue du « parc de Pinon ».
Et par un de ces heureux hasards dont je suis familier, je réussis dans les jours suivants à me procurer un exemplaire de celle-là... venu de Hongrie ; quand il m'avait fallu courir jusqu'en Australie pour me procurer celle du chalet faussement présumé !
Victor PETIT « Habitations champêtres, etc. », Monrocq frères Éd. Planche 30 : « Parc de Pinon (Picardie) » 270 x 352 mm © Coll. Hervé MOLLA - 2020 |
« Du chalet faussement présumé » ?
A moins que...
(*) Note rectificative du 23 novembre 2020 :
J'ai interprété les propos de mon correspondant, M. R*** de C***
(à trop lire ses Mémoires, je vais faire comme Laure J***, la duchesse d'Abrantès, qui voulait dire absolument, avec « la plus grande franchise » puisque c'était sa nature, et qu'elle revendique abondamment dans ses Mémoires, mais sans dire tout à fait cependant - ce qui se rattache à ce que Balzac appelait « le oui du non » que, misogyne selon les critères d'aujourd'hui, et cependant grand amoureux, il attribuait aux femmes. On voit donc bien que je suis un authentique féministe) qui en effet, ainsi qu'il me le fait aimablement remarquer, ne m'a jamais dit que la planche 7 des Habitations champêtres de Victor PETIT ne figurait pas au Dépôt légal.
En réalité, il me dit que cette planche 7 « ne semble pas » y figurer.
C'est moi qui souligne, et doublement : Mme L***, professeur à l'Ecole nationale supérieure d'arts de Paris-Cergy, n'avait-elle pas coutume de dire, au début du XXIe siècle, qu' « un artiste, c'est d'abord quelqu'un de précis » ?
Je présente donc mes excuses à mes lecteurs et à M. R*** de C***.