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20 novembre 2020 - J'ai décidé de prendre de la hauteur

La planche 30 des Habitations champêtres de Victor PETIT,
relatif au parc de Pinon (Picardie),
montre un petit embarcadère au toit de chaume.
A l'arrière-plan, on entrevoit une extrémité 
du château d'Ernest DUBOIS de COURVAL
et qui ne peut être qu'une des extrémités de la grande façade
donnant sur les jardins et plus exactement son angle nord-est ; 
celui précisément où se trouvait la bibliothèque,
ainsi que le rapporte Victor PETIT dans son opus déjà cité.
Le pont qu'on aperçoit, encore à l'arrière,
évidemment et quoi d'autre que la lithographie puisse suggérer,
serait donc ce « pont de fer » comme l'appelle Victor PETIT (p. 52),
en réalité « pont en bois, mais qui a toute la légèreté d'exécution d'un pont en fer. Là, les eaux se jettent par une nouvelle chûte [sic] dans les vastes pièces d'eau des fossés qui baignent la base du château. C'est de ce pont de fer, dont chacun admire l'élégance, que commencera notre promenade en suivant l'allée qui, » etc. 
Quant au chalet, dont la rencontre étrangement fortuite du dessin par Victor PETIT a fini par nous attirer dans les méandres de ces eaux courantes et les lacets des allées qui les accompagnent, les contournent ou les croisent, il se situerait donc bien au-delà en aval, « vers l'extrémité la plus étroite du lac ».

Mais peut-être que je me trompe...
Confiant dans la légende qui l'accompagnait, 
j'avais bien pris un chalet (qui n'existe sans doute plus aujourd'hui que par son image)
pour une reconstruction de mon petit chalet du lac de Pinon !
Et avant qu'un de mes anges gardiens, et le plus à même de le faire, ne vienne rectifier...
Les Street-Artists, rodés aux légendes urbaines dont ils ne se soucient guère, devraient être plus circonspects lorsqu'ils s'aventurent parmi les habitations champêtres.
Surtout lorsque les paysages ont été maintes fois bouleversés.
C'est trop compter sur les anges gardiens !

Quant à Victor PETIT, il aurait pu nous laisser un plan !
Au moins une vue d'oiseau...

J'en ai bien retrouvé un, un plan ; ou plutôt une vue aérienne, 
prise à une altitude de 3000 pieds (lorsqu'on est en aéronef, 
je crois que l'altitude se donne en pieds, pas en mètres, et que c'est bien ce qui est indiqué de manière intrinsèque au cliché, 
à la différence d'une légende, parmi d'autres informations 
qui parleront une langue qu'ils connaissent à d'autres que moi), 
mais c'était le 24 septembre 1918, à 11 heures du matin.
Quelques jours seulement après l'achèvement du désastre 
(et quel désastre, et quel achèvement !) 
qui cependant n'a pas réussi à effacer les tracés
inscrits dans le paysage par la princesse de POIX, 
par Ernest DUBOIS de COURVAL, le grand-père qu'elle a à peine connu,
par d'autres avant eux qui ont dessiné les lieux...

Vue aérienne mise ici afin qu'elle demeure, 
et en pensant à eux tous,
en pensant à nous, et à ceux qui viendront.



Vue aérienne
 du château, des communs, d'une partie du parc
et du village de Pinon (Aisne),
prise à une altitude de 3000 pieds,
le 24 septembre 1918, à 11 heures du matin.
Tirage argentique sur papier,
présumé d'époque, 180 x 240 mm
© Coll. Hervé MOLLA - 2020



Mais le chalet ?
Peut-être hors champ, ou bien peut-être sous un lambeau de nuage, 
quelque part « North by Northwest » ?