Dans l'Espace o25rjj, Loupian, Languedoc,
j'ai montré une sélection d'échantillonnages (sampling)
j'ai montré une sélection d'échantillonnages (sampling)
réalisés ces dernières années
à partir d'œuvres picturales que je collectionne
d'artistes femmes(aujourd'hui disparues ou qui demeurent nos contemporaines).
On sait en effet que j'échantillonne (depuis que les outils numériques le permettent) à partir d'objets choisis dans le réel. Et une œuvre picturale, fût-elle d'une artiste femme, est assurément un objet du réel pouvant s'y prêter « par nature ».
Une façon de m'approprier ;
et qui révoque évidemment l'idée de possession.
Si le titre « D'après Elles » s'est imposé,
notons en passant (c'est tout à fait et le temps et le lieu),
qu'il est rare aujourd'hui encore, même en France,
en dépit des différents féminismes que l'on retrace
et qui nous questionnent avec de plus en plus d'insistance
(et particulièrement dans le vaste champ des arts visuels),
que dans le champ des arts visuels actuels, précisément,
bien peu d'artistes se réfèrent à un modèle féminin.
Le « modèle » reste toujours attaché à l'expression « le peintre et son modèle » qui sent l'atelier du XIXe siècle.
Au contraire, nombre de tâcherons (et même parmi ceux affichant le plus grand progressisme, situant leur travail à l'avant-garde de l'avant-garde) prétendent s'inspirer, qui du Greco, qui de Goya ; réputés cependant « indépassables » selon eux, avec une modestie qu'ils aimeraient touchante.
Pire : des tâcheronnes se réclament de Warhol !
Mais pas de Louise Bourgeois...
Chacune des œuvres composées après sampling est présentée
en regard de l'œuvre originelle.
L'une associée à l'autre compose ainsi une œuvre plus vaste (« augmentée » dit Pascale Ciapp, curatrice de l'exposition), complétée éventuellement au sein d'une installation par d'autres éléments éphémères, transitoires, contextuels.
Mon souhait serait que l'une et l'autre (l'œuvre originelle et celle qui en est issue) ne soient plus jamais séparées.
Si l'on sait que je travaille, d'une manière générale, sur les notions de Séparation / Réunion ; on sait aussi, et moi le premier, que le droit moral de l'artiste pèse parfois bien peu (même en France, où l'on pourrait croire parfois qu'il a quelque chose d'absolu) face aux évènements...
« D'après Elles » questionne en effet le droit d'auteur de multiples façons ; tout comme la légitimité de la représentation.
« D'après Elles », vue partielle de l'exposition, Espace o25rjj, Loupian, Languedoc 16 > 30 avril 2023 © Hervé MOLLA - 2023 |
De façon consensuelle, en fonction des ressources offertes par l'Espace o25rjj, la sélection s'est arrêtée sur des travaux réalisés, parmi un très important corpus (et qui n'a pas fini de s'enrichir !), à partir d'œuvres de 13 artistes femmes.
Si « le genre » est délibéré, comme on l'a dit et répété,
l'accord avec « le nombre » est parfaitement fortuit
– mais parfaitement opportun !
Ainsi, les 13, et « d'après Elles » :
Les artistes disparues
(classées ici par année de naissance)
- Marie GAUTIER (1867 - 1960)
- Juliette DEBES (1889 - 1979)
- Kikitte PISSARRO-BERNARD (1900 - 1989)
- Marie LAURE (1902 - 1970)
- Dora MAAR (1907 - 1997)
- Lila de NOBILI(1916 - 2002)
- Lily MASSON (1920 - 2019)
Nos contemporaines
(classées ici de manière alphabétique)
Les noms des artistes sont ceux sous lesquels elles ont signé les œuvres présentées et d'après lesquelles j'ai travaillé ; et qui négocient parfois, de telle ou telle façon, avec l'état civil (ce biais de lecture transverse n'est pas sans intérêt non plus).
On les retrouvera toutes facilement ailleurs sur la toile.
Et bien sûr, ici-même, à l'adresse de leur nom.