Pages

16 > 30 avril 2023 - « D'après Elles » - o25rjj / #06 : Lila de NOBILI

  « D'après Elles »

Espace o25rjj / 06 : Lila de NOBILI (1916 - 2002)


Jean-Pierre GIRAUDOUX, avec qui j'étais assez lié 
dans les années [19]80, avait eu l'idée que Lila de NOBILI
avec qui il ne s'était pas brouillé malgré les décennies, puisse faire mon portrait.
Il s'était fait fort de la convaincre, elle qui ne voulait plus voir personne. 
Peut-être comme Dora MAAR ?
« Je l'ai sentie bien disposée à votre égard. Elle ne ferait pas le portrait de n'importe qui ! » m'avait prévenu Jean-Pierre GIRAUDOUX, voulant marquer le prix de sa démarche virtuelle (en ce temps-là, « virtuel » avait un autre sens qu'en 2023).
Ce à quoi j'avais répondu : 
« Mais je ne suis pas non plus n'importe qui » - et alors que je n'avais jamais rien sollicité puisque je me souciais comme d'une guigne de mon portrait par Lila de NOBILI ou par « n'importe qui » !
Cela ne s'est pas fait : je me suis brouillé, une fois encore et celle-là définitivement, avec Jean-Pierre GIRAUDOUX ; non pas que la brouille soit survenue du fait que le portrait ne se réalisait pas, à la longue, mais du fait du contraire : la brouille a fait que le portrait ne fut jamais réalisé.
Evanoui, le portrait d'Hervé MOLLA par Lila de NOBILI. 
Et jusqu'à la possibilité du portrait, même.
On aura compris que Jean-Pierre GIRAUDOUX était expert en brouilles et brouilleries. Et que, quelquefois aussi, dans des domaines spécieux, l'apprenti vaut bien le maître.
Notre brouille définitive n'eût pas lieu cependant à cause de Lila de NOBILI mais à cause de Jean-Baptiste RACINE.
C'est une autre histoire. Mais toujours, quel théâtre !




© Hervé MOLLA - 2023



© Hervé MOLLA - 2023




© Hervé MOLLA - 2023



© Hervé MOLLA - 2023


Quelle est donc cette inconnue qui pose ici sous le pinceau de Lila de NOBILI ? Certainement pas « n'importe qui », peut-on présumer, fort de ce qu'on sait maintenant.
D'ailleurs, quelques marques discrètes sur le bord de la toile donnent à penser que le tableau fut, à un moment de sa vie, dans un très beau cadre (en raison du prestige de la peintre, ou bien en raison de celui du modèle ? - je veux bien écrire « une peintre », mais malgré ma bonne volonté je refuse catégoriquement d'écrire « une modèle » !) et que c'est sans doute la raison pour laquelle il n'en possède plus, justement, aujourd'hui : à un moment, quelqu'un, une amie des arts, a dû se dire que le cadre valait au moins aussi cher que le tableau lui-même.
Sic transit...

Il s'agit très probablement d'une actrice, et qui a joué au théâtre : elle pose sur le champ rouge cramoisi qui évoque un rideau de théâtre (avec Pascale CIAPP, curatrice de l'exposition, nous avons convenu d'accrocher le tableau ainsi mon collage qui en est issu, comme le prévoit la syntaxe adoptée par « D'après Elles », en regard d'un lourd rideau, dans les même tonalités que le champ du portrait, qui masque non pas la scène mais une coulisse de l'Espace o25rjj.
La « chaise de Dora MAAR » au velours de laine mité (mais qui ne fut jamais miteux), passé et insolé conclut le triptyque.
L'actrice porte au cou une grosse pierre (grenat ou améthyste ou quelque pierre semi-précieuse qui nous semble aujourd'hui à moitié ridicule, dans ce genre-là) montée en médaillon et retenue par un cordonnet de velours noir, semble-t-il.
Il m'est venu à l'idée que l'actrice portraiturée pouvait être Edwige FEUILLÈRE (née à Vesoul, non loin du château de Ray-sur-Saône d'où provient le fauteuil Restauration de l'installation « Marie LAURE », quelques mètres plus loin) qui, jusque dans les années 1950 (le tableau me paraît de ces années-là) porte volontiers, tant à la scène qu'à la ville, ce genre de bijoux.
Hélas, je ne suis pas spécialiste de la mode féminine des années 50, ni des bijoux. J'ai déjà tant à faire !
Voulez-vous dire « Biceps et Bijoux » ? questionne, non pas l'intelligence artificielle d'un moteur de recherche, mais l'exposition « D'après Elles » elle-même.

Lors du vernissage, une visiteuse attentive, et comme beaucoup d'autres (le paradoxe veut que l'Espace o25rjj qui se revendique « ouvert au plus grand nombre », de même que la quasi-totalité des lieux de monstration de l'art d'hier, d'aujourd'hui et surtout de demain - putasserie qui m'agace prodigieusement ! - accueille un public d'une très grande qualité, dans sa quasi-totalité) émet l'idée que ce pourrait être Simone SIGNORET. C'est bien observé.
Reste à savoir si Lila de NOBILI et Simone SIGNORET se sont jamais rencontrées. Le moteur de recherche répond qu'oui.
On peut en faire l'expérience soi-même, sans qu'il soit nécessaire d'en donner ici le lien.
Mais on ne voit guère SIGNORET porter ce genre de bijoux.
Ainsi, quant à l'identité de la dame du portrait, l'enquête reste ouverte...

© Hervé MOLLA - 2023



© Hervé MOLLA - 2023